dimanche 17 novembre 2013

Der des ders ...

Bonjour à tous ...

Que de temps écoulé depuis mon dernier post... Et oui, les jours ont défilés, les saisons se sont succédées et l'ancienne instit que j'étais a bien muri dans son nouveau style de vie !
Travailler au sein d'un vignoble est un renouveau perpétuel, chaque année la vigne attend sa taille pendant l'hiver, son tirage des bois, son attachage, puis le temps et le printemps font leurs oeuvres et les nouvelles pousses arrivent, on les observe, les soigne si besoin, les guide dans leur poussée avec le relevage... Mais tout ça, je vous en ai déjà parlé et à présent, vous devez être calés sur tous ces points (et comme je ne suis plus instit, vous évitez l'interro surprise !)
Bien sûr, je continue d'apprendre chaque jour, le commerce avance petit à petit , la reconnaissance de nos bons produits commence à revenir vers nous et ça, c'est une grande joie. L'administratif est de mieux en mieux organisé et des tâches s'ajoutent chaque semaine, mais c'est du bonheur vraiment ! Un métier où il y a très peu de routine (suffisamment peu pour que ce n'en soit pas justement !), où chaque jour a son lot d'adaptation aux situations, de remise en question. La vigne a son cycle et ceux qui y travaillent aussi, tout en élargissant ce cercle, devenant une spirale qui ne cesse d'aller plus loin.
De temps à autre, je repasse dans les écoles où j'ai enseigné, je croise les anciens collègues et je peux vous dire que cette immersion de quelques minutes ne fait qu'accentuer le fait que je suis sûre d'avoir pris la bonne décision. On me pose souvent la question d'ailleurs... Mais non, aujourd'hui, je ne me reverrai pas dans une salle de classe. J'aime toujours transmettre des connaissances, et ça, je le retrouve face à des amateurs de vins, qui viennent à notre rencontre et sont curieux de savoir comment ça se passe et cela me suffit bien. Enseigner à des personnes qui veulent apprendre, c'est fantastique , essayer de faire comprendre à des élèves que c'est dans leur intérêt d'apprendre, c'est une autre bataille que je n'ai plus envie de mener.
Mais hauts les cœurs, votre serviteuse est heureuse ! Elle a peu de temps pour elle, mais le reste de son temps est tellement épanouissant !
Alors oui, je conseille volontiers à mes collègues de l'éducation nationale qui saturent de leur métier d'en changer, que oui, c'est possible, que beaucoup de nos compétences sont adaptables à d'autres domaines. Il suffit (et ce n'est pas rien) de se fixer un projet et d'y croire !

Je vous remercie tous de m'avoir lu, je vois déjà votre frustration "oooooh, et cette fois ci y'a même pas de dessin !!!", écrire ces quelques posts fut un vrai bonheur dont aujourd'hui, je n'ai plus besoin (oui, je sais, je me la joue égoïste sur ce coup là ...) car il faut vous l'avouer, cette aventure se déroule comme un comte de fée... L'instit' à la vigne a épousé son vigneron, et ils eurent... une belle enfant !

Merci à tous,

FIN

mardi 27 mars 2012

Attachage

Le printemps : mois qui préparent l'été, la nature qui se réveille.
Le vigneron ne peut se perdre dans ses contemplations, il faut attacher !

Oui, mais attacher quoi ? et bien la vigne pardi ! Petit récapitulatif :

On taille la vigne, ne laissant que 2 "branches": l'haste et son retour. On tire les bois afin de dégager le palissage et permettre aux futures pousses de s'épanouir. Il faut ensuite attacher cette haste à un des fils du palissage afin de guider la vigne dans sa pousse. On laisse pousser (il y a bien quelques opérations à ce moment là, je vous les décrirai quand je les aurai vécu !), on canalise le feuillage en "relevant" (description plus tard également, faut bien vous laisser des surprises !), les grappes poussent, le vigneron veille. On ramasse, on vendange. et on retaille et on recommence. Voilà en gros le travail d'une année en viticulture !

Donc nous en sommes à la période de l'attachage. Pour mieux comprendre, quelques images :

On attache afin de guider la plante dans sa pousse. Les branches vont pousser perpendiculairement à l'haste, donc ainsi, à la verticale !


Et pour attacher, il faut évidemment, un certain équipement, et certaines précautions :


le principe est simple : on attrape l'haste, on la force à se plier et on l'accroche !



Vous vous doutez bien que ce n'est pas si facile...
donc, la prochaine leçon portera sur "Quels sont les dangers de l'attachage ?"
La suite, trés prochainement !

mercredi 29 février 2012

"La mise"

Dans le jargon vigneronnesque, "faire une mise" signifie mettre en bouteilles le vin.
Chose faite la semaine dernière.
En quoi cela consiste-t-il ?

Le vin est préparé et stocké dans une cuve. Un collègue débarque avec un camion et une remorque, du type "oh y'a un manège dans la remorque de son camion et quand il va soulever les bâches, on pourra faire du manège"
C'est un peu ça: on monte, on descend de nombreuses fois, sauf qu'on n'est pas porté par une jolie fusée avec des feux clignotants mais par nos jambes, nos bras et nos abdos!

Plusieurs postes sur ce ménage étrange:
1) le poste de poseur de bouteilles vides (on prend les bouteilles bien empilées et on les mets sur un tapis roulant) nécessite une longueur de bras minimum car il faut attraper les bouteilles au fond de la palette sans avoir à se coucher sur les piles de bouteilles inférieures (je sais, ça nécessiterait un schéma mais j'ai pas eu le temps !)
Une fois les bouteilles chargées, elles sont entraînées par le tapis où elles vont être remplies de vin, puis un petit "pschiiit" qui fait le vide d'air dans le reste de la bouteille et hop un bouchon ! tout ça supervisé par le poste 2  qui est tenu par monsieur manège.
3 et 4) 2 personnes à la sortie qui récupèrent les bouteilles ainsi pleines et bouchonnées (environ 1kg chaque bouteille) et les rangent dans un palox (bien alignées, bien collées les unes et autres et empilées soigneusement).

On m'a attribué le poste 3 (zut, si j'avais eu de plus longs bras, j'aurai soulevé moins de poids !)

La mise en chiffres:

à l'entrée : 73 hectolitres de vin (et un hecto correspond à ?... 100 litres !)
à la sortie : 10211 bouteilles (de 75cl et de 50cl)
temps écoulé: 6 heures
soit une bouteille sortant toutes les deux secondes.

Sachant que , pour éviter les embouteillages en fin de chaîne, nous prenons les bouteilles 4 par 4 (oui, oui, deux dans chaque main, habilement coincées entre les doigts, gare à la casse !),
mes doigts ont donc supporté à chaque fois 2 kilos dans chaque main (et je peux vous dire que plus ça avance, plus ces deux kilos vous paraissent lourds et vos doigts sont douloureux)

En partant du principe que j'ai rangé la moitié des bouteilles en sortie, soit environ 5100 bouteilles et que je les prenais 4 par 4, cela engendre :
1275 pivots avec le bassin (je récupère les bouteilles et me tourne d'un quart de tour pour accéder au palox)
1275 "je monte sur une marche car le palox est trop loin" (toujours la cuisse droite qui travaille... je vais avoir l'air difforme !)
1275 je me plie le dos pour déposer les bouteilles au fond du palox.


Bref, mes doigts ont supporté 5 tonnes en 6 heures, j'ai fait ma gym avec 1275 abdos.
Je vais avoir une cuisse musclée (et pas l'autre), des doigts super forts (très utile me direz vous), et un mal de dos pendant plusieurs jours !

Mais heureusement, pour garder les muscles chauds et travailler les épaules, bras et cuisses (les deux) avant l'été, il me reste plein de bois à tirer !

Ah, le métier de vigneron... un sport complet !

samedi 25 février 2012

Aujourd'hui, j'ai fait ma première dégustation dans un restau !

Aujourd'hui est à marquer d'une pierre blanche (1). J'avais rendez vous dans un restaurant afin de faire déguster au nouveau patron nos vins.

8h: prise de mes fonctions au bureau, je suis zen, étonnamment, je fais la liste de ce dont je vais avoir besoin et réunis donc tire bouchon, 3 bouteilles finement choisies avec mon guide, mon porte-vue avec tous les papiers éventuellement nécessaires (tarifs de livraison, description des cuvées, carte de visite, calculatrice, etc...). hummm, je crois que j'ai tout.

8h40 : je suis en train de relire les fiches descriptives des 3 vins que j'apporte, question de retenir avec quels cépages ils ont été faits et deux, trois détails techniques.

8h43 : coup de téléphone de mon guide pour me dire de ne pas stresser, que tout va bien se passer, qu'il faut que je sois moi même et que je parle du vin avec mon feeling habituel et mon empathie naturelle et que je laisse parler le restaurateur.

8h44 : je note les conseils, mais suis toujours confiante: le restau prenait déjà de notre vin, je contacte juste le nouveau propriétaire pour voir si ça l'intéresse de poursuivre avec nous. Je ne saurai dire pourquoi mais ce fait là me rassure et me donne confiance, comme si le terrain était déjà connu.

8h46 : re-tel : toujours mon guide pour me dire qu'un client (faisant partie de la famille et lecteur assidu de ce blog, coucou mister M. !) passera vers 10h chercher une commande. OK, ... enfin non, parce que moi, à 10h15, je dois partir pour mon rdv.

8h48 : je rappelle mister M. pour lui dire de passer un peu avant. Tout est bon.

8h49 : je mets à jour nos plaquettes car on a mis en bouteille une nouvelle cuvée

9h18: je change les cartouches d'encre de l'imprimante afin de pouvoir imprimer les dites plaquettes.

9h23 (les mains de toutes les couleurs), re-tel : c'est mon guide qui me dit que ca va aller, que je ne dois pas stresser, que je vais y arriver, etc, etc...

9h25: MAINTENANT JE STRESSE ! (c'est malin, ça)

Ensuite mister M passe prendre sa commande, papoti papota qui me change un peu les idées et à 10h (un peu en avance), je suis assise dans mon camion prête à affronter (euh, rencontrer) le restaurateur.
J'ai environ 45 minutes de route, j'arrive un peu en avance et me prend un café dans une brasserie toute proche. Tout va bien.

11h : l'entretien commence.
Il commence par me dire qu'il a un ami vigneron dans une autre appellation et qu'il va faire affaire avec lui (oups, ça commence mal), je ne me laisse pas déstabilisée et lui parle de notre domaine, des trois vins que je lui ai amené... Première question de sa part "que commandait mon prédécesseur ? " (mince ! le détail bête que je n'ai pas pensé à regarder , quelle idiote !) Je repense alors à la phrase de mon guide "sois naturelle" et là, je dis au client "écoutez , je vais être honnête avec vous, vous êtes mon premier restaurateur pour une dégustation, parce qu'en a fait, ça ne fait pas longtemps que je suis dans le métier blabla blablabla ..." attention, je ne lui ai pas raconté ma vie, c'était un échange intéressant !
En tous cas, je ne sais pas si ça a sensibilisé la serveuse ou si c'était juste du professionnalisme, mais elle a commencé à se manifester par des "ce vin, les clients nous le réclament, on l'a plus depuis quelques semaines, et celui là aussi et en rosé aussi", ok, deux, trois phrases bien placées (merci de votre soutien madame la serveuse même si ce n'était pas volontaire)
11h40: je pars du restaurant, une commande de 150 bouteilles dans mon sac, et en plus, faut que je farfouille au vignoble s'il n'y a pas des photos qui trainent car il refait la déco.

11h42: je suis dans mon camion, le sourire aux lèvres et pas peu fière de cette première dégustation .
Je reste consciente que même dans le commerce, c'est peut être la chance du débutant ! Nous verrons bien combien de temps cette "chance" me tient !







1. marquer d'une pierre blanche, d'où ça vient ?
En France, sous l'Empire, la participation au service militaire pouvait être volontaire ou tirée au sort. Ainsi, le futur soldat plongeait la main dans un sac rempli de cailloux noirs et blancs. Si la pierre retirée était noire, il devait alors partir au combat, ou bien payer un autre homme moins riche que lui pour qu'il le remplace. Si à l'inverse la pierre était blanche, alors il était exempté de service militaire. Il pouvait donc se souvenir longtemps de ce jour heureux où le caillou blanc lui avait évité la mort. Depuis, on utilise cette expression lorsque l'on souhaite figurer que l'on se souviendra longtemps d'un événement important à nos yeux.

jeudi 23 février 2012

En formation...

Ces jours ci, je participe à une formation visant à se regrouper afin de mettre en avant les spécificités de notre terroir et de notre AOC.
Cette formation part du travail du sol jusqu'au calcul de prix de revient d'une bouteille. Donc trés intéressant pour quelqu'un qui débute comme moi. Sauf que...la plupart des autres participants sont des vignerons depuis beaucoup, beaucoup, beaucoup plus longtemps que moi et que les questions sont hyper pointues. Mais je ne désespère pas et prends ce que je peux prendre.
Derniers jours de formation en date : étude des sols, podologie, géologie. Waouh, rien que ça. Bon, moi, aller renifler la terre et creuser des trous, ça me plait bien mais l'aborder de manière théorique... comment dire... il renait en moi une espèce d'allergie aux termes physiques/chimie ... Phosphore, calcium, tout ça symbolisé au tableau par leur lettre référence..."NPK vous dis-je ! NPK !!!" Argh, j'ai peur...
et comme tout cancre réfractaire à certaines données, je me suis mise à griffoner sur un coin de table.
Voici quelques morceaux choisis:

AVERTISSEMENT: Ces dessins ne sont pas forcément le reflet de ce qui a été dit lors de la formation, mais simplement le fruit de mon interprétation, mon extrapolation, mon imagination (mais au départ, y'a toujours un mot de vrai !)











Allez, courage... prochaine étape "le marketing appliqué" ... comme si je ne m'appliquais pas, pfffft !

mardi 14 février 2012

Tirer les bois...

Lorsque la vigne est taillée, il reste encore à "tirer les bois", c'est à dire qu'on va enlever les branches de la vigne restées accrochées, emmêlées, empêtrées dans les fils de fer du palissage. Et la vigne, c'est comme une lianne, ça s'accroche bien.

Explication en images:




lundi 13 février 2012

Devenir négociant en vin

Devenir négociant... jusque là, rien de compliqué: cela  consiste à pouvoir acheter du vin chez un collègue par exemple et le revendre.
Sauf que... pour avoir ce statut légal, il faut passer par l'étape "déclaration aux douanes" et oui, on ne joue pas avec les produits alcoolisés comme ça !
heureusement, notre douanier est quelqu'un de fort sympathique: laissez moi vous conter notre rencontre...

Un matin, vers 10h ...

Le douanier, très dévoué, prit sa tache très à coeur...


Et près d'une heure plus tard...


Vu que je ne maîtrise pas tout le champ lexical du droit douanier, j'ai préféré tout bien noté !



Résultat: j'ai passé 2 jours et demis sur Excell à créer de magnifiques tableaux avec des formules de calcul automatiques et des colonnes qui se reportent automatiquement d'une page à l'autre ! Waouh, j'suis trop fière !