jeudi 12 janvier 2012

La routine... pleine de surprises !

Certaines journées commencent à se ressembler. J'ai encore pleinement le plaisir de la découverte de certaines taches, principalement le travail à la vigne suivant les saisons, même si ce n'est pas là que j'interviens le plus (dommage, j'aime bien mettre mes nouvelles bottes vertes pomme, rembourrées chaudement à l'intérieur -merci Maman !-)
Je redécouvre la nature sous un autre angle, avec plus d'attention. Aujourd'hui, le vignoble s'est réveillé dans le brouillard, il n'y est pas resté trop longtemps et nous avons la chance ici (car ce n'est pas du tout le cas à 5 kms d'ici , incroyable !) de voir le soleil pointer ses rayons assez vite.
Avec cette brume, notre ouïe est décuplée. Le moindre chant d'oiseau est amplifié, les gouttelettes tombant des branches après le dégel chantent un doux clapotis. Nos poules réclament qu'on leur donne leur liberté diurne. Et vous savez ce qui m'a le plus surpris ? C'est d'apprécier tout cela. Ce silence bruyant de campagne pouvait me paraitre angoissant fut un temps, mais pas là... il m'apaise. J'ai eu une pensée pour les collègues, au chaud, dans leur classe... Je me suis remémorée les cris d'enfants pendant la récréation, le bruit des règles métalliques qui tombent du bureau, les chaises qu'on traine au lieu de les soulever, les chuchotements dès qu'on a le dos tourné. Ces sons là ne me manquent pas. Je les ai entendu suffisamment pour les garder dans ma bibliothèque sonore personnelle. Ils me vont bien ainsi.

Après cette pause contemplative, je me suis remise à mon bureau: faire le tour des mails, adapter son programme de la journée si besoin. Tout va bien. Tout est calme. Je m'attèle à ma tache du jour, à savoir " entrer des données informatives sur le vignoble sur un site de vente en ligne de produits bio" dont nous sommes à présent les partenaires. Lorsque que SOUDAIN (d'où le titre de ce message) le téléphone sonne! (si, si!) . C'est un caviste que nous avions démarché lors d'un des salons d'automne. Il a aimé notre vin, il l'a fait gouter à un autre caviste qui a aimé aussi et ils veulent en commander...plein ! hourra ! youpi ! Qu'il est bon de voir que notre travail paye. Tellement de coup de fil, de suivi qui n'aboutissent jamais ! C'est donc avec une certaine fierté que nous recevons ces demandes et ça fait réellement du bien au moral. J'ai beau savoir que seulement 10% des démarchages aboutissent à un rdv, et encore moins à une vente, je n'apprecie toujours pas les histoires stagnantes... une sensation d'avoir perdu son temps.. mais ça, on ne peut jamais le savoir à l'avance !
Donc, je prends note de la commande. Regard dans les stocks: c'est bon, on a ce qu'il faut ! Je me fais un pense bête pour préparer la commande le lendemain , parce que quand même, j'ai bien envie de finir de compléter ce site en ligne (toute emplie que je suis de cette fierté enivrante).
Lorsque soudain, le téléphone ressonne. Et recommande du même vin. Ah, cette fois ci, ça commence à être juste... Quitte à le faire, autant aller au bout: je me décide à appeler d'autres restaurateurs qui apprécient ce vin et bingo ils décident d'en prendre aussi. Et hop, voilà mon programme de la journée qui prend un tout autre virage... direction le chai et mon amie l'étiqueteuse !

Résultat de la journée:
fierté professionnelle: 1
moment de plénitude sonore: 1
bouteilles étiquetées dans le chai où il fait un peu frais: 192
bouteilles lavées (car c'est un vieux millésime qui a pris la poussière) : 54

L'avantage, c'est que je sais tout de suite ce que je vais faire demain matin: aller au chai, donner un dernier coup de chiffon sur les bouteilles que j'ai lavées afin d'en ôter toute trace rebelle, et finir de mettre en carton cette cuvée afin que des gens des quatre coins de la France puissent sourire en partageant cette bouteille.
Ah, c'est un beau métier que je fais là !

lundi 9 janvier 2012

Janvier.

Comme un mois d'hiver où il ne ferait pas assez froid selon la plupart des agriculteurs du coin, comme un mois de janvier où certains arbres bourgeonnent... Quand on est citadins, on aime le soleil, quand on devient paysan, on sait apprécier la pluie...
Nous allons partir du principe que je me sens encore un peu citadine dans l'âme, même si j'apprends et aime observer la nature au fil des saisons.

Ici, tout pourrait paraitre calme: les vinifications sont terminées, les prochains millésimes attendent sagement de pouvoir sortir sous l'oeil avisé du mon guide. Naissance prévue en février !

La vigne s'endort, ses feuilles sont tombées au sol. Le vigneron va passer voir chaque pied, l'observer, le choyer et choisir méthodiquement quels sarments il laissera pour l'année prochaine afin de limiter la croissance démesurée de la vigne et ainsi régulariser la production des raisins en qualité et en quantité. C'est un choix délicat et une opération dont je n'ai pas voulu assumer la responsabilité pour cette année !
Pour ceux qui veulent plus de détails, c'est par ici :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Taille_de_la_vigne


Je choisis donc l'option un peu moins délicate, même si chaque opération sur la vigne demande de l'attention. Pour moi, cette année ce sera tirage des bois ( à défaut des rois !). En quoi cela consiste-t-il ?

Eh bien, c'est simple :
Une fois que la vigne est taillée, il faut passer derrière chaque pied et tirer sur les sarments enchevêtrés dans les fils de fer (cf le chapitre sur le palissage).
Mais pourquoi ne pas les laisser tomber tous seuls me direz-vous ?
Tout simplement car les vrilles de la vigne les tiennent solidement attachés aux fils de fer et que si nous ne les retirions pas, ils mettraient plusieurs années à se dégrader. Au printemps, ils viendraient se mêler aux jeunes pousses et seraient gênants au milieu des jeunes branches,  feuilles et raisins.
Les vignerons n'ont donc pas d'autre choix que de les faire tomber. C'est un travail particulièrement éprouvant car la vigne est une liane qui a la propriété de se fixer solidement sur tous les supports avec lesquels elle est en contact lors de sa croissance. Nous devons donc tirer, tirer, tirer encore afin de les extraire du rang.
Au fur et à mesure, il faut les déposer au sol, au milieu du rang, ils seront ensuite broyés. Cette méthode présente un grand intérêt agronomique car les bois de la vigne restituent au sol tous les éléments qu'ils contiennent et qui ont été puisés durant la période végétative, que se soient des éléments minéraux ou encore la matière organique. C'est une méthode naturelle permettant de ne pas trop appauvrir les sols et ainsi de limiter les apports d'engrais ou encore d'amendements organiques.
Mon guide me met en garde: comme d'habitude, vigneron est un métier périlleux ( entendez vous la petite musique angoissante qui monte ?)
Les seuls dangers ici étant 1) se crever un oeil en prenant un retour de sarment dans la figure et 2) tirer sur la mauvaise branche et amputer le cep du sarment qui devait porter ses fruits au printemps prochain .
Je considère que les dangers sont aisément évitables et me sens capable de réussir cette nouvelle tâche.

Allez hop, c'est parti : Gnnnnneu.... outch..... pffiiiiiiouuut... je m'éssoufle vite à tirer sur des branches résistantes, on imagine pas comme elles s'accrochent et sont costauds. Mais je ne cèderai pas , non, non !
Je tire, prends appui, essaie de trouver la position où mon corps aura le moins d'effort à faire (on se plie facilement en deux dans toutes ces taches et le corps étant notre outil principal, il faut le préserver au maximum -quand on peut-)
Un demi rang plus tard, j'ai chaud et je me sens bien: forcer comme une ânesse défoule assez bien en fait et j'ai apprécié cette tache "bourrine" qui me sort du commercial ...

Quelle est la météo pour demain ? Averses ? ... hum, je crois que j'ai des commandes à préparer, je retournerai dans les vignes dès que le soleil reviendra ! (c'est pas de ma faute, j'ai des origines niçoises, ce qui veut dire un gros besoin de soleil pour un développement serein et une certaine aversion pour la pluie !)