lundi 9 janvier 2012

Janvier.

Comme un mois d'hiver où il ne ferait pas assez froid selon la plupart des agriculteurs du coin, comme un mois de janvier où certains arbres bourgeonnent... Quand on est citadins, on aime le soleil, quand on devient paysan, on sait apprécier la pluie...
Nous allons partir du principe que je me sens encore un peu citadine dans l'âme, même si j'apprends et aime observer la nature au fil des saisons.

Ici, tout pourrait paraitre calme: les vinifications sont terminées, les prochains millésimes attendent sagement de pouvoir sortir sous l'oeil avisé du mon guide. Naissance prévue en février !

La vigne s'endort, ses feuilles sont tombées au sol. Le vigneron va passer voir chaque pied, l'observer, le choyer et choisir méthodiquement quels sarments il laissera pour l'année prochaine afin de limiter la croissance démesurée de la vigne et ainsi régulariser la production des raisins en qualité et en quantité. C'est un choix délicat et une opération dont je n'ai pas voulu assumer la responsabilité pour cette année !
Pour ceux qui veulent plus de détails, c'est par ici :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Taille_de_la_vigne


Je choisis donc l'option un peu moins délicate, même si chaque opération sur la vigne demande de l'attention. Pour moi, cette année ce sera tirage des bois ( à défaut des rois !). En quoi cela consiste-t-il ?

Eh bien, c'est simple :
Une fois que la vigne est taillée, il faut passer derrière chaque pied et tirer sur les sarments enchevêtrés dans les fils de fer (cf le chapitre sur le palissage).
Mais pourquoi ne pas les laisser tomber tous seuls me direz-vous ?
Tout simplement car les vrilles de la vigne les tiennent solidement attachés aux fils de fer et que si nous ne les retirions pas, ils mettraient plusieurs années à se dégrader. Au printemps, ils viendraient se mêler aux jeunes pousses et seraient gênants au milieu des jeunes branches,  feuilles et raisins.
Les vignerons n'ont donc pas d'autre choix que de les faire tomber. C'est un travail particulièrement éprouvant car la vigne est une liane qui a la propriété de se fixer solidement sur tous les supports avec lesquels elle est en contact lors de sa croissance. Nous devons donc tirer, tirer, tirer encore afin de les extraire du rang.
Au fur et à mesure, il faut les déposer au sol, au milieu du rang, ils seront ensuite broyés. Cette méthode présente un grand intérêt agronomique car les bois de la vigne restituent au sol tous les éléments qu'ils contiennent et qui ont été puisés durant la période végétative, que se soient des éléments minéraux ou encore la matière organique. C'est une méthode naturelle permettant de ne pas trop appauvrir les sols et ainsi de limiter les apports d'engrais ou encore d'amendements organiques.
Mon guide me met en garde: comme d'habitude, vigneron est un métier périlleux ( entendez vous la petite musique angoissante qui monte ?)
Les seuls dangers ici étant 1) se crever un oeil en prenant un retour de sarment dans la figure et 2) tirer sur la mauvaise branche et amputer le cep du sarment qui devait porter ses fruits au printemps prochain .
Je considère que les dangers sont aisément évitables et me sens capable de réussir cette nouvelle tâche.

Allez hop, c'est parti : Gnnnnneu.... outch..... pffiiiiiiouuut... je m'éssoufle vite à tirer sur des branches résistantes, on imagine pas comme elles s'accrochent et sont costauds. Mais je ne cèderai pas , non, non !
Je tire, prends appui, essaie de trouver la position où mon corps aura le moins d'effort à faire (on se plie facilement en deux dans toutes ces taches et le corps étant notre outil principal, il faut le préserver au maximum -quand on peut-)
Un demi rang plus tard, j'ai chaud et je me sens bien: forcer comme une ânesse défoule assez bien en fait et j'ai apprécié cette tache "bourrine" qui me sort du commercial ...

Quelle est la météo pour demain ? Averses ? ... hum, je crois que j'ai des commandes à préparer, je retournerai dans les vignes dès que le soleil reviendra ! (c'est pas de ma faute, j'ai des origines niçoises, ce qui veut dire un gros besoin de soleil pour un développement serein et une certaine aversion pour la pluie !)

1 commentaire:

  1. Petite précision renforçant l'exactitude du propos: les bois ainsi broyés n'apportent en fin de compte qu'assez peu de matière nutritive au sol sous la forme de carbone qui sera dégradé au prix de beaucoup d'efforts par des insectes, des champignons puis divers micro organismes, dans cet ordre (du plus gros au plus petit). Au final c'est surtout le raisin et la pousse des feuilles qui prélèvent beaucoup d'énergie au sol et malheureusement le raisin lui n'y reviendra pas d'où les besoins en engrais. A voir maintenant si ces derniers seront issus d'une chimie artificielle ou d'une chimie naturelle. To be or not to bio, that IS the question.
    ZE Guide

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